OpenAI, l’entreprise à l’origine du buzz autour de ChatGPT, traverse actuellement une crise sans précédent qui remet en question son avenir et ses ambitions dans le domaine de l’intelligence artificielle. La saga commence le vendredi 17 novembre avec l’annonce choc du licenciement de Sam Altman, le CEO et cofondateur d’OpenAI.
Sam Altman évincé de son poste de CEO
Le conseil d’administration d’OpenAI a indiqué dans un post de blog avoir perdu confiance “dans la capacité de Sam à diriger l’entreprise”. Pourtant, sous sa direction, OpenAI était passée d’une start-up de 0$ à une valeur marchande de près de 90 milliards de dollars fin 2022, notamment grâce aux promesses autour de ChatGPT et du futur GPT-5.
C’est Mira Murati, jusqu’alors Chief Operating Officer, qui a pris l’intérim à la tête de l’entreprise. Mais ce changement de direction semble être très mal passé en interne.
Démissions en cascade chez OpenAI
En effet, dès le lendemain, Greg Brockman, le président d’OpenAI, annonce sa démission. Dans la foulée, trois cadres scientifiques clés de l’entreprise font de même.
Face à ces départs, le conseil d’administration décide de revenir en arrière et entame des négociations avec Sam Altman pour le faire revenir à son poste de CEO. Mais après un week-end de tractations, les négociations échouent.
L’incertitude plane alors plus que jamais sur l’avenir d’OpenAI. D’autant que Sam Altman ne restera pas inactif bien longtemps…
Sam Altman file chez Microsoft
Quelques jours seulement après son éviction d’OpenAI, on apprend que Sam Altman va en fait prendre la tête de la division intelligence artificielle de Microsoft, qui est partenaire et actionnaire d’OpenAI depuis 2019.
Il sera rejoint par d’autres ex-employés d’OpenAI ayant démissionné, dont certainement les 3 cadres scientifiques partis en même temps que le président Greg Brockman.
C’est donc une fuite des cerveaux et des talents qui se profile chez OpenAI. De quoi encore aggraver la crise au sein de l’entreprise.
Le PDG de Microsoft déclare toujours ne pas connaître les raisons du renvoi de Sam Altman et veut continuer à travailler avec lui. Lors d’une interview, Satya Nadella a déclaré qu’on ne lui a toujours pas donné de raison claire pour le départ forcé d’Altman. Il croit toujours en la capacité de Sam Altman à diriger la nouvelle division IA de Microsoft. Il compte travailler avec lui, que Sam revienne chez OpenAI ou non.
OpenAI sans capitaine dans la tempête
Avec tous ces départs, OpenAI se retrouve complètement décapitée. Au pied du mur, le conseil d’administration parvient tout de même à convaincre Emmett Shear, le CEO de Twitch, de prendre l’intérim le temps de trouver une solution plus pérenne.
Mais le mal est déjà fait. Sur les réseaux sociaux, les spéculations autour de nouvelles vagues de démissions à venir se multiplient. Notamment concernant Mira Murati qui n’aurait pas approuvé l’éviction de Sam Altman selon plusieurs sources internes.
D’un point de vue business, c’est aussi l’incertitude totale. Les prochaines sorties et innovations d’OpenAI comme le GPT-5 risquent d’être retardées considérablement par cette crise. Il va falloir que le nouveau capitaine Emmett Shear arrive à redresser rapidement le navire pour regagner la confiance des investisseurs et du grand public.
Le rôle trouble d’Ilya Sutskever
Si OpenAI se retrouve dans la tourmente aujourd’hui, c’est aussi et surtout à cause des luttes de pouvoir en interne. Le directeur scientifique Ilya Sutskever est pointé du doigt par de nombreuses sources.
Recruté par Sam Altman lui-même, Ilya Sutskever a toujours été beaucoup plus méfiant que son patron quand au développement de l’IA. Il prônait la prudence quand Sam Altman voulait rendre l’IA accessible pour tous.
Ces visions divergentes ont fini par fracturer OpenAI. Selon les rumeurs, c’est sous l’impulsion d’Ilya Sutskever et avec l’aval du conseil d’administration que Sam Altman aurait été poussé vers la sortie.
Un tweet pour calmer la tempête
Conscient du rôle qu’on lui prête dans cette affaire, Ilya Sutskever a tweeté ce weekend ( 19 novembre) être “profondément déçu” et avoir “regretté cette décision” du conseil d’administration de licencier Sam Altman.
Ilya Sutskever, l’un des membres du conseil d’administration d’OpenAI, a affirmé lors de ce tweet qu’il regrettait d’avoir participé aux actions du conseil d’administration qui ont mené au renvoi de Sam Altman. Il affirme aimer tout ce qu’ils ont construit ensemble chez OpenAI et qu’il fera tout ce qu’il peut pour réunifier l’entreprise. C’est un revirement soudain d’opinion pourSutskever,, qui avait soutenu la décision de renvoyer Altman il y a seulement quelques jours.
Il assure que son “but n’était pas de détruire OpenAI” et qu’il souhaite désormais “réunir l’entreprise”. Un mea-culpa qui arrive bien tard, mais témoigne de la volonté de résoudre cette crise en interne après plusieurs jours de chaos.
Il avait donné deux explications aux employés pour le renvoi de Sam Altman :
- D’abord des déclarations qu’Altman aurait faites au conseil d’administration concernant le personnel
- ensuite le fait qu’Altman aurait donné deux projets identiques à deux personnes différentes chez OpenAI.
Mais les employés ne croient pas à ces raisons et la plupart sont maintenant prêts à démissionner.
95% des employés d’OpenAI ont signé une lettre exigeant la démission de tous les membres actuels du conseil d’administration.
Quid de l’avenir d’OpenAI ?
Difficile aujourd’hui de savoir ce que l’avenir réserve à OpenAI. L’entreprise risque de mettre du temps à se remettre de cette crise, mais garde certains atouts dans sa manche.
Notamment son partenariat avec Microsoft, où beaucoup de ses ex-employés se retrouvent finalement. Mais aussi l’attrait du grand public et la hype médiatique autour des innovations d’OpenAI comme ChatGPT. Et bien sûr, des investissements colossaux qui devraient permettre de continuer les recherches, même au ralenti.
Pour l’instant, l’issue de cette saga reste incertaine. Deux solutions risquent de se profiler dans les jours prochains:
Soit les membres du CA d’OpenAI démissionnent, Sam Altman et Greg Brockman sont réintégrés, et l’entreprise retrouve son fonctionnement normal.
Soit OpenAI s’effondre, ses employés et leur travail sont récupérés par Microsoft qui construit OpenAI 2.0 sous la direction de Sam Altman. Microsoft sortirait alors grand gagnant de cette affaire!
Si OpenAI s’effondre, les investisseurs comptent poursuivre le conseil d’administration en justice.Selon Bloomberg, les investisseurs importants d’OpenAI cherchent encore à faire revenir Sam Altman à un poste de direction, afin de protéger leurs investissements. S’il ne revient pas et qu’OpenAI s’effondre, ils envisagent des poursuites judiciaires contre le conseil d’administration.
.La bataille pour l’intelligence artificielle générale (AGI) que se livrent les GAFAM n’est pas encore jouée. Mais OpenAI a désormais un genou à terre et va devoir réagir vite pour continuer d’exister face à Google, Meta et autres géants de la Tech.
Cette crise marque en tout cas un coup d’arrêt pour l’entreprise, qui risque de ternir durablement son image de pionnière et de fer de lance de l’IA responsable.
FAQ sur la crise chez OpenAI :
1. Qui a été évincé de son poste de CEO chez OpenAI ?
Sam Altman, le cofondateur d’OpenAI, a été licencié par le conseil d’administration qui a perdu confiance dans ses capacités de leadership.
2. Quelles ont été les conséquences directes du départ de Sam Altman ?
Son licenciement a provoqué une cascade de démissions : le président Greg Brockman ainsi que 3 cadres scientifiques ont quitté OpenAI juste après.
3. Où Sam Altman et les ex-employés démissionnaires d’OpenAI sont-ils partis travailler ?
Sam Altman va diriger la division IA de Microsoft. Il sera rejoint par plusieurs autres ex-membres d’OpenAI ayant démissionné.
4. Quel est l’impact à court terme de cette crise pour OpenAI ?
Ralentissement des projets et innovations en IA, fuite des cerveaux, crise d’image, défiance des investisseurs… OpenAI est très fragilisé.
5. La position dominante d’OpenAI dans la course à l’IA est-elle remise en cause ?
Oui, cette crise profite à ses rivaux comme Microsoft qui récupère ses meilleurs chercheurs en IA et pourrait la doubler dans la quête du saint Graal de l’AGI.