séisme à la tête d’OpenAI : Sam Altman remercié

Un véritable séisme vient d’avoir lieu à la tête d’OpenAI, l’entreprise à l’origine du chatbot conversationnel ChatGPT. Via un laconique communiqué sur Twitter, OpenAI a annoncé le départ soudain de son emblématique PDG et cofondateur Sam Altman.

Sam Altman évincé sans ménagement

La nouvelle est tombée hier soir comme un couperet : Sam Altman n’est plus le PDG d’OpenAI. Après 5 ans passés à la tête de l’entreprise qu’il a cofondée, Altman se voit brutalement écarté de la direction opérationnelle.

Le communiqué officiel invoque de vagues problèmes de « direction et de communication » et un besoin de recentrer OpenAI vers sa mission originelle : développer une intelligence artificielle générale (AGI)  bénéfique pour l’humanité.

Mais derrière ce vernis lisse se cache en réalité un divorce houleux entre Sam Altman et le conseil d’administration d’OpenAI. La preuve : Altman lui-même a confirmé son éviction via Twitter seulement une heure après l’annonce officielle.

« J’ai adoré le temps passé chez OpenAI. […] J’ai hâte de voir ce que l’équipe accomplira ensuite », a-t-il sobrement commenté.

Un coup d’état en interne

Mais le plus choquant dans cette affaire, c’est la brutalité avec laquelle Altman a été éjecté de son propre siège. D’après le cofondateur Greg Brockman, Sam Altman a été convoqué à une réunion vidéo d’urgence avec le conseil d’administration. Et ce n’est qu’une fois en ligne qu’on lui a signifié sa mise à pied immédiate !

Brockman, qui a appris la nouvelle par texto 19 minutes après, s’est lui aussi vu démettre de ses fonctions de président du CA lors d’un autre appel vidéo expéditif. Bref, un véritable coup d’état en interne qui n’a laissé aucune chance aux deux fondateurs historiques d’Open AI.

Face à ces méthodes expéditives, Brockman a finalement préféré jeter l’éponge et quitter définitivement OpenAI, comme il l’a annoncé par e-mail à ses équipes.

Qu’est ce que l’intelligence artificielle générale (AGI) ?

intelligence artificielle generale vu par sam altman

L’intelligence artificielle générale (AGI) désigne un type hypothétique d’agent intelligent capable d’accomplir n’importe quelle tâche intellectuelle qu’un être humain ou un animal peut réaliser. 

L’AGI pourrait apprendre à s’adapter à n’importe quel environnement afin de résoudre des problèmes complexes dans une grande variété de domaines.Contrairement aux IA actuelles spécialisées dans des tâches spécifiques (IA faible), l’AGI vise à créer des machines dotées de capacités cognitives générales comparables à l’intelligence humaine. 

Les caractéristiques clés d’une AGI incluraient la flexibilité cognitive, l’apprentissage par l’expérience, la compréhension du langage naturel, la créativité et la résolution de problèmes complexes.

Bien qu’il n’existe pas encore d’AGI complète, des entreprises comme IBM, Google Brain et OpenAI travaillent activement sur ce sujet. Sam Altman s’intéresse activement au développement de l’intelligence artificielle générale (AGI).

Sam Altman estime que l’AGI aura un impact profond sur l’économie et la société, en automatisant de nombreux emplois. Il prône une réflexion urgente sur de nouveaux mécanismes de redistribution des richesses dans un monde post-AGI.

Mira Murati prend les rênes

C’est donc Mira Murati, jusqu’ici Chief Technology Officer d’OpenAI, qui assure l’intérim à la direction de l’entreprise. Inconnue du grand public, cette scientifique d’origine albanaise s’est illustrée ces dernières années comme une fervente défenseuse de la régulation de l’IA

Ainsi, lors d’une récente interview au Wall Street Journal aux côtés d’Altman, elle insistait sur la nécessité d’un « permis de conduire » pour les systèmes d’IA afin de garantir leur sûreté.

« Les gouvernements devraient exiger des entreprises qu’elles prouvent que leurs IA sont sûres avant de les déployer », martelait-elle.

Avec son arrivée aux commandes, nul doute que l’orientation d’OpenAI va s’infléchir en ce sens. Fini l’innovation à toute vapeur, place à la prudence et à la transparence.

Quel avenir pour Altman ?

Difficile pour l’instant de savoir ce que Sam Altman va faire après son éviction brutale. Va-t-il prendre une année sabbatique avant de revenir aux affaires ? Monter sa propre startup d’IA en faisant jouer ses relations dans la Silicon Valley ? Ou bien rejoindre les rangs d’un concurrent comme Google ou Anthropic ?

Altman n’a fait aucune déclaration sur la question. Et Elon Musk, qui a rompu avec OpenAI en 2018, est resté également muet. Pourtant, une collaboration entre les deux entrepreneurs sur un projet d’IA ne serait pas si surprenante…

Une chose est sûre : ce divorce avec OpenAI ne signe pas la fin de la carrière d’Altman. À 37 ans, ce serait étonnant qu’il reste inactif très longtemps. Ses liens avec l’investisseur Peter Thiel et sa société Y Combinator en font l’un des entrepreneurs les mieux connectés de la Silicon Valley.

OpenAI à la croisée des chemins

Du côté d’OpenAI, les défis sont tout aussi grands pour assurer la transition. Privée de ses deux fondateurs charismatiques, l’entreprise semble tiraillée entre innovation et éthique.

Sa feuille de route à court terme, avec le développement de GPT-4 et GPT-5, risque d’être sérieusement chamboulée par ce changement soudain de leadership. Les récents problèmes techniques de ChatGPT, victime de son succès, n’arrangent rien.

Certains y voient d’ailleurs des similitudes troublantes avec l’affaire Theranos : promesses technologiques prématurées, pression des investisseurs, communication brouillonne avec les équipes… Sam Altman a-t-il voulu aller trop vite dans la course à l’IA générale ?

Quoi qu’il en soit, OpenAI aborde 2023 à la croisée des chemins. Soit l’entreprise persévère dans une innovation responsable qui prenne le temps de débattre des impacts sociétaux de l’IA. Soit elle sombre dans une course au progrès technique débridé, au mépris de la sécurité. L’avenir nous dira quelle voie prévaudra.

La guerre de l’IA générale est déclarée

Car ne nous y trompons pas : ce séisme chez OpenAI n’est que la partie émergée de l’iceberg. Derrière ce psychodrame se profile la bataille à mort pour dominer le marché de l’IA générale qui se joue actuellement.

Avec ChatGPT, OpenAI a marqué des points décisifs qui ont pris de court ses concurrents comme Google ou Meta. La start-up californienne occupe désormais une position dominante dans l’imaginaire collectif.

Difficile dans ces conditions pour les mastodontes de rester sans réagir. On peut donc s’attendre à une accélération des annonces et des sorties de produits reposant sur du GPT-3/4 dans les mois à venir.

L‘IA conversationnelle va ainsi rapidement quitter les seules sphères de la tech pour s’inviter dans nos vies quotidiennes. Qu’on le veuille ou non, ce Big Bang est en marche et va rebattre les cartes du monde numérique. Reste à espérer qu’éthique et responsabilité ne soient pas oubliées en chemin…

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